Niger : Décolonisation de l’Histoire, Quand l’État veut officialiser la version authentique des faits.
Le 1ᵉʳ novembre 2024, le président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le général de brigade Abdourahamane Tiani, a signé un décret marquant la création d’un comité ad hoc chargé de rédiger l’histoire générale du Niger. Ce comité, présidé par le professeur Maikoréma Zakari, rassemble des universitaires éminents et s’ouvre également à d’autres historiens et chercheurs chevronnés du pays.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique visant à corriger la version biaisée héritée de l’époque coloniale et à donner au Niger une version de son histoire fondée sur sa propre perspective. « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur », dit un proverbe africain qui illustre parfaitement la nécessité de réécrire cette histoire sous un prisme local.
Depuis des décennies, de nombreuses nations africaines ont dû se contenter d’une historiographie dominée par les récits coloniaux, souvent conçus pour servir les intérêts des colonisateurs. Ces récits ne mettent pas toujours en lumière les résistances locales, les figures historiques emblématiques ou encore la richesse des civilisations précoloniales. Le Niger, en prenant cette initiative, aspire à se réapproprier son passé et à valoriser ses héros oubliés.
Dans ce cadre, des actions concrètes ont déjà été entreprises, notamment à Niamey. Plusieurs avenues et monuments ont vu leurs noms changés pour honorer des figures historiques africaines. Par exemple, la place Montreuil est devenue la place Thomas Sankara, en hommage à l’ancien président burkinabé, symbole de la lutte contre l’impérialisme. De même, l’ancienne place de l’Hôtel de Ville est désormais appelée place Djibo Bakary, saluant un syndicaliste et homme politique de renom.
En redonnant à l’histoire une dimension africaine, le Niger entend renforcer son identité nationale, inspirer ses citoyens et rétablir la vérité sur des pans méconnus de son patrimoine. Cette démarche devrait servir de modèle pour d’autres pays africains, qui gagneraient à réécrire leur histoire, non pas pour effacer le passé colonial, mais pour en atténuer l’hégémonie dans les mémoires collectives.
Laisser un commentaire