Burkina Faso : Détournement au ministère de l’Action humanitaire, le Procureur de la République donne des précisions sur les faits.
Les scandales de détournement de fonds publics continuent de secouer le Burkina Faso, illustrant une fois de plus la profondeur des pratiques de corruption qui contribuent à l’appauvrissement de la population. Le dernier cas en date concerne M. Tiégnan Amidou conseiller d’éducation féminine, au sein du ministère de l’Action humanitaire, gestionnaire du compte trésor dédié au programme « Renforcement de la Protection Sociale (PRO-SOC) », destiné à soutenir les personnes déplacées internes (PDI). Ce programme, crucial en raison de l’ampleur de la crise humanitaire, a été détourné pour satisfaire des intérêts personnels.
Selon le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouaga 1, Blaise Bazié, l’enquête a débuté suite à une dénonciation faite le 8 octobre 2024 par le directeur de la gestion des finances du ministère en charge de l’Action Humanitaire. Les faits reprochés à M. Tiégnan sont gravissimes : détournement de fonds publics, faux et usage de faux en écriture publique, et blanchiment de capitaux. Les investigations ont révélé que M. Tiégnan a reproduit les signatures de ses supérieurs pour émettre des chèques-trésors à son propre nom et celui de ses complices, créant des états financiers fictifs pour masquer les écarts de comptes. Le préjudice pour l’État est estimé à plus de trois milliards de francs CFA.
L’enquête de patrimoine a permis de saisir d’importants biens acquis de manière frauduleuse, notamment des voitures de luxe, des camions citernes, des cars de transport, des parcelles et une ferme. La valeur des biens saisis est estimée à 1,5 milliard de francs CFA pour les immeubles, et 471 millions de francs CFA pour les véhicules. Ces biens seront gérés par l’Agence nationale de gestion et de recouvrement des avoirs saisis ou confisqués (ANAGRASC).
Entre 2020 et 2024, cette fraude a privé les personnes déplacées internes d’une aide essentielle. Le Procureur a souligné que la récupération des fonds volés est une priorité avant de procéder aux sanctions pénales. Le procès de M. Tiégnan débutera lors de la session du 15 au 30 novembre, accompagné de huit autres dossiers impliquant 102 agents publics accusés de détournement.
Ces détournements répétés montrent à quel point la corruption freine le développement socio-économique du Burkina Faso, exacerbant la misère et les souffrances de la population.
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